Application mobile comme interface pour installations sur le net
Un projet de Markus Kirchhofer, Shervin Saremi et Marc Lee
Depuis quelques années, il y a plus d’êtres humains en ville qu’à la campagne. Le XXIe siècle verra déjà la population mondiale atteindre les dix milliards d’humains. L’espèce humaine a besoin de plus d’espace, les animaux sont repoussés dans les marges, un bon nombre d’espèces animales s’éteignent. Comment réagir face à ces changements ?
Depuis 1950, la population urbaine mondiale a crû de plus de trois milliards de personnes. L’humanité poursuit cette tendance. Il y a aujourd’hui 7,6 milliards d’êtres humains sur Terre, il devrait y en avoir 9,8 milliards en 2050. Dans le même temps, des centaines d’espèces animales comme la sangsue Xerobdella lecomtei, le bouquetin des Pyrénées ou le dauphin de Chine, s’éteignent chaque jour. De nombreux animaux disparaissent sans qu’on le remarque, dans des territoires isolés. Que font les humains, que font les artistes, de cette constellation ?
Arts médiaux, poésie, données sur l’évolution de la population et sur les espèces animales éteintes sont réunis dans un projet interdisciplinaire unique en son genre : comme dans un jeu, un vol virtuel emporte le public à travers une métropole, sans critique moralisatrice. Des buildings composés de textes et d’images forment un livre en trois dimensions. Le public vole à son gré à travers des données, des pronostics et des poèmes – à travers une architecture transparente comportant la perspective globale des Nations Unies, la perspective individuelle d’un auteur et la mémoire d’espèces animales déclarées éteintes au XXIe siècle. Le projet pose implicitement des questions sans y répondre de manière explicite:
- (comment) l’être humain et ses habitudes de lecture changent-ils face à la révolution numérique ?
- quelles nouvelles sortes de médiation la révolution numérique permet-elle ?
- (comment) l’être humain et sa perception changent-ils face à l’urbanisation et à la croissance de la population mondiale ?
- comment l’être humain interagit-il avec les animaux? Comment réagit-il face à l’extinction des espèces animales ?
- l’humanité est – d’un point de vue global – en bonne voie pour diminuer la faim, la maladie et la guerre. Devrait-elle se soucier un peu plus des autres espèces vivantes ?
- (comment) peut-on, en tant qu’artiste, écrire des poèmes et créer de l’art alors que des espèces animales disparaissent chaque jour ?
Mise en place
À l’aide d’un smartphone ou d’une tablette, le public vole à travers un livre en trois dimensions. Au lancement de l’app, on se trouve au milieu d’un paysage de ville et de texte au design urbain et futuriste, régénéré en permanence. Poèmes, données de l’ONU et espèces disparues apparaissent sur l’écran. La navigation a été pensée pour être simple : l’image suit le mouvement quand on bouge l’appareil ; le ciel ou le sol apparaissent si on le tourne vers le haut respectivement vers le bas. À l’aide d’un gyroscope, on peut naviguer vers l’avant, l’arrière et le côté pour voler à travers le paysage de ville urbain. Le son composé spécialement pour l’app réagit aussi à tous ces mouvements et à la vitesse de navigation. Grâce au bouton share, le public peut envoyer des captures d’écran à ses ami.e.s afin de leur faire découvrir l’app.
Contenu
- Les 50 poèmes de Markus Kirchhofer, tous inédits, sont composés de trois vers sans titre (des haïkus japonais, forme sur laquelle travaille Markus Kirchhofer depuis plusieurs décennies déjà).
- Les données de l’ONU sur la population mondiale et l’urbanisation (Department of Economic and Social Affairs, rapports de 2017 et 2014) sont réduites à trois chiffres par agglomération (années 1995 – 2015 – 2035) et par pays (années 1950 – 2000 – 2050).
- Les données sur les espèces animales déclarées éteintes lors de ces dernières années proviennent de l’IUCN, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Les données seront actualisées et complétées régulièrement afin que le projet reste à jour et vivant.
Édition Inde
During our research resindency in Kolkata, the Sundarbans and Delhi, we took a closer look at specific aspects of the threatened diversity. The result is the India Editon of the App MORE AND LESS. The India Edition consists of poems, figures on language diversity and statements on tigers, vultures and bees.
Pendant notre voyage de recherche à Calcutta, Delhi et dans les Sundarbans, nous avons examiné de plus près certains aspects touchant aux menaces qui pèsent sur la diversité en Inde. Il en est sorti l’India Edition de l’app PLUS ET MOINS. Celle-ci se compose de poèmes, de données sur la diversité des langues et de témoignages sur les tigres, les vautours et les abeilles.
Lancement et événements
Launch and Events at “Sphères” Zurich and at the “Apeejay” literature festival in Kolkata
Crédits
Concept : Marc Lee et Markus Kirchhofer
Réalisation : Marc Lee (CH)
Poèmes : Markus Kirchhofer (CH); Traduction anglaise : Erin Palombi (US); Traduction française : Valentin Decoppet (CH)
Univers sonore : Shervin Saremi (IR)
Développement de la RV: Antonio Zea (PY), Florian Faion (DE) et Marc Lee (CH)
Markus Kirchhofer est auteur indépendant depuis 2013. Auparavant, il était médiateur culturel et enseignant pour enfants et adultes. Il écrit des poèmes, des nouvelles, des romans graphiques et des bandes dessinées, des chroniques et des pièces de théâtre. Son activité littéraire a été récompensée à plusieurs occasions, dernièrement avec une bourse de soutien à la création de la Fondation Suisse pour la Culture Pro Helvetia. Dernière publication : « aushub » (100 poèmes, Knapp Verlag, 2018)
Shervin Saremi est un compositeur et technicien du son iranien. Il travaille dans des domaines tels que le sonic computing, le design sonore procédural et la production. Il a étudié l’Electronic Production and Design au Berklee College of Music et mène actuellement des recherches à la Haute école des arts de Berne (HEAB) sur la technique audio immersive.
Antonio Zea est un ingénieur de recherche. Il habite en Allemagne et travaille dans les domaines de la visualisation des données, de la robotique et de la réalité augmentée. Il a obtenu son titre de docteur en Computer Science à l’Institut für Technologie de Karlsruhe en 2017. Il poursuit depuis ses recherches à la chaire d’Intelligente Sensor-Aktor-Systeme et travaille actuellement sur son habilitation.
Florian Faion est un ingénieur de recherche allemand travaillant dans les domaines de la fusion de données des capteurs et l’intelligence artificielle. Il a obtenu son titre de docteur en Computer Science à l’Institut für Technologie de Karlsruhe en 2015. Depuis 2018, il travaille chez Bosch Corporate Research à l’utilisation d’une perception basée sur un réseau neuronal dans des domaines critiques tels que la conduite automatisée.